Quand on dit Laponie, immanquablement vient l'image du Père Noël et de ses Rennes. Alors oui pour les Rennes, mais pour le Pere Noël, il faudra aller le chercher au bar du coin où il picole avec ses potes.

Plus sérieusement, la Laponie, située en grande partie au delà du cercle polaire arctique, est un territoire qui s'étend sur 4 pays : le nord de la Norvège, de la Finlande et de la Suède, ainsi qu'une petite partie de la Russie (presqu'île de Kola). Des temperatures moyennes de - 40 degrés en hiver + 27 en été, végétation de toundra et taïga.

Sur ce territoire rude, un peuple autochtone : Les Samis. Le terme "lapon" pour designer ce peuple est pejoratif car il signifie quelque chose comme "en haillon" en Finnois, leurs "envahisseurs".

Peuple éleveur de Rennes, semi-nomades pour suivre la migration des troupeaux, vivant en harmonie avec leur difficile milieu.

Evangelisés plus ou moins de force au 17eme et 18eme siecle, forcés d'abandonner leur langue, leurs croyances animistes et leurs pratiques chamaniques leur histoire entre en résonance avec celle des peuples premiers d'Amérique ou d'Australie.

Au 20eme siecle, les 3 pays scandinaves tenant à leur image de marque, les Samis eurent leur parlement consultatif, et leur langue enseignee à l'école.

En prime et surtout en Norvege, grâce à la richesse du pays générée par l'industrie minière et pétrolière, ils ont en prime de nombreux tres beaux musées et "maisons de la culture", prouvant à quel point on les tient en haute estime. Cela ne regle cependant la dette puisque le développement des industries à grandement reduit les possibilités de pâturages pour les rennes, forçant de nombreux Samis à abandonner le métier d'éleveurs ou à changer leur pratiques.

Il semble qu'on aime la culture Sami dans les musée et les galeries d'art, mais on aime pas que les rennes trainent sur la route ou dans les champs. Incompatibilité avec le monde moderne. ..


Ainsi sont nées les fermes de rennes, particulièrement en Finlande.

Pour ceux qui continuent, c'est maintenant en quad et motoneige qu'ils suivent les troupeaux. Mecanisation qui les endette et plombe la rentabilite de l'activité. Alors, il reste les touristes à promener en traîneau avec un habit rouge et blanc.


Difficile pour le voyageur de penetrer dans ce monde fascinant et un peu triste. Tout juste l'effleurer dans les boutiques de "Souvenirs" (oui oui le mot est en français sur les enseignes), ou la moitié du stock est fait en Chine.

Pour ma part ce sera la vision fugace de cette mamie en costume traditionnel faisant ses courses au supermarché de Kautokeino, le café offert par une marchande de souvenirs au bord de la route, alors qu'on avait investi son echoppe sans rien acheter, juste pour s'abriter d'une pluie d'orage. Et puis aussi ce bivouac mémorable en pleine toundra, avec un montage de tente express pour échapper au vent et à la pluie, tout contre une cabane dans un camp de bergers occupés plus loin à déplacer leur énorme troupeau

. Peu d'échange avec ces Samis en quad, bien trop pris par leur tâche. Mais cela dit aucune forme de rejet pour ces deux étrangers bizarres installés chez eux à leur retour juste un "No problem, you are welcome".


Et puis, si vous m'avez lu jusque là et que vous en voulez un peu plus sur le sujet, vous pouvez lire les romans d'Olivier Truc "Le dernier lapon" et "le détroit du Loup" ; lectures grâce auxquelles mon regard a été un peu plus acéré pendant ces 2 mois de Laponie.

Cathy